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De l’ascension fulgurante à la chute fracassante

Il a pris ses fonctions fièrement accompagné de son chien de promenade et de
garde. Le Garde des Sceaux les quitte les yeux plein de larmes, tête baissée. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. À sa prise de fonction, Constant Mutamba caresse le rêve de guérir la justice très très malade. Il cultive une aversion, comme le peuple, pour les hommes et femmes de loi corrompus que son chien méchant a la particularité de renifler.

Au départ, son engagement suscite l’enthousiasme et ses déclarations tonitruantes l’espoir auprès de la population. Très vite il se met au travail. Il s’attaque au désengorgement des prisons. Un bon nombre de gens sont incarcérés pour des délits mineurs voir pour rien. Il les libère.

« La règle c’est la liberté, l’exception, c’est l’incarcération ». Le peuple l’applaudi. Il devient la terreur des magistrats. Il prend à bras le corps le phénomène « Kuluna » en collaboration avec son collègue à l’Intérieur. Au transfert de ces délinquants d’une prison à une autre, il leur promet la peine de mort comme sanction et les invite à faire leurs dernières prières. Pourtant, le ministre de la Justice oublie superbement le moratoire contre la peine de mort signé par la RDC.

Devant les « kulunas » arrêtés, jugés et condamnés, Constant Mutamba fait le show. Ses sorties virent au populisme. Un jeune délinquant arrêté lui dit en lingala :  » Mandat mpe esilaka! « . Entendez : « un mandat a toujours une fin »! Et cette fin, Constant Mutamba ne l’imaginait pas arriver si tôt et de la manière à laquelle elle se déroule. D’un ministre adulé et apprécié, il est passé à un statut de paria. Pris dans une affaire de détournement pour la construction d’une prison moderne à Kisangani, le sol se dérobe sous les pieds du leader du Nogec.

Celui qui incarnait l’espoir et la réussite de la jeunesse dans le gouvernement Suminwa fait déchanter plus d’un. Vice de procédure à la clé dans l’exécution de ce marché, Il est tombé dans les griffes du Procureur général Mvonde, (peut-être son pire ennemi) qui a obtenu la levée de ses immunités à l’Assemblée nationale (Constant Mutamba est député national). Ses chaudes larmes devant les membres de la Commission ad hoc de la chambre basse n’y ont rien fait.

On évoque un appel téléphonique du futur ex-ministre à la Justice au fils du Procureur général qu’il connaît pour plaider sa cause, mais la cause est entendue. Mvonde ne reculera pas. La machine judiciaire broye son propre ministre. Constant Mutamba voulait mener une révolution dans le système judiciaire et des réformes dans le secteur régalien de la Justice mais c’était sans compter sur le corporatisme et le conservatisme de ses animateurs et acteurs souvent pointés du doigt pour leurs pratiques peu recommandables. En effet, à sa nomination, Constant Mutamba hérite d’un secteur très malade. La Justice est un frein au développement et à la bonne marche du pays.

Mais voilà entre détermination pour changer et guérir la Justice et populisme, les excès du second finissent par annihiler la force de la première. Avec l’éclatement du scandale de 39 millions de dollars pour la construction d’une prison à Kisangani qui n’a pas suivi les règles de passation des marchés financiers pour un gré à gré en faveur d’une entreprise presque fictive ou créée de toute pièce, Constant Mutamba, de retour à ses bureaux et devant ses fonctionnaires, dérape et frôle l’outrage à magistrat dans ses déclarations. Les carottes sont bien cuîtes pour lui et l’Assemblée nationale ne peut et ne veut le sauver.

19 millions déjà déboursés ont semble-t-il disparus et on n’est pas au bout des révélations car d’autres têtes vont tomber. Celui qui reniflait l’odeur de la corruption n’est plus en odeur de sainteté mais plutôt sous le coup de la disgrâce et de la menace d’un procès qui brise une carrière fulgurante. La fusée Mutamba à explosé en plein vol… À la Justice d’en ramasser les débris et de les ranger au musée… des carrières politiques brisées…

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