Il ne pipe pas un mot tant il s’est muré dans son silence depuis son départ du pouvoir. Les fins observateurs et analystes qui s’intéressent à lui scrutent ces moindres déplacements ainsi que ses faits et gestes. Et ces derniers renseignent plutôt d’un retour dans le jeu politique du champion olympique et du monde du « Kara » et du silence.
Le silence est plutôt un signe de sagesse qui force le respect. Mais chez le sénateur à vie, ce comportement inspire crainte et méfiance. Cela fait penser au félin qui rétracte ses griffes pour ne pas faire de bruit et se tapit sous les feuillage caché pour mieux surprendre sa proie. Comme il ne s’exprime pas, on scrute ses voyages et ses rencontres. Et il y a une qui a particulièrement suscité l’attention : son tête-à-tête avec Moïse Katumbi en Éthiopie en décembre dernier.
Entre les deux hommes, c’est avant-hier, on est ami, hier ennemi, aujourd’hui, on se réconcilie et demain ? L’avenir nous le dira. Mais on prête à Joseph Kabila des intentions de revenir au pouvoir en 2028 et au moins de s’allier à un candidat ou mieux d’en pistonner un. La rencontre avec le dernier gouverneur du Katanga s’inscrit dans le cadre de la formation d’une large coalition contre Félix Tshisekedi. Mais peut-on croire au salut du peuple congolais par le retour de Joseph Kabila ou du vassal qu’il enverra dans la bataille des présidentielles prochaines ? À cette question, on ne peut répondre que par la négative. Il est clair que s’il se fait le mentor de Moïse Katumbi, leur alliance débouchera par un conflit car ce dernier cherchera à s’affranchir de la tutelle de Joseph Kabila. Sur le trône du roi, il n’a pas un fauteuil pour deux. En outre, les intérêts économiques et financiers, au coeur du régime, finiront par les opposer.
Joseph Kabila a été un « big trader » à la tête de la RDC durant ses 18 ans de règne. Son centre d’intérêt pour les affaires s’était traduit par un désintéressement des problèmes de la population congolaise ainsi que la diplomatie. Les projets de développement se résumaient plus en des affaires tant les surfacturations ponctuées par les détournements étaient légion. Mais c’est surtout ce que Joseph Kabila et Moïse Katumbi représentent et représenteront une fois au pouvoir : des suppôts de la finance internationale dans sa face la plus obscure. Cela suppose perpétuer le pillage des ressources naturelles de la RDC et la guerre à l’Est sous fond de balkanisation. C’est la face cachée de la mondialisation qui veut que les ressources naturelles n’appartiennent pas aux habitants et aux autochtones mais à ceux qui les exploitent.
Du couple Kabila-Katumbi, à moins de souffrir d’amnésie, il ne faut pas oublier qu’au plus fort de leur conflit, le premier qualifiait le second d' »étranger » et le second de « tanzanien ». Cela n’augure rien de bon pour la RDC dont une certaine élite consciente caresse les rêves d’unité, d’indépendance et de développement véritable. Toutes les puissances ont leurs yeux rivés sur la RDC.
Le profil des leaders qu’il faut pour le pays est celui qui jongle entre les intérêts des puissants de la mondialisation et qui permet l’éveil et l’émergence de tout le peuple congolais. Ce que ne peuvent absolument pas faire deux affairistes plus portés sur la croissance exponentielle de leurs comptes en banque.
Aux congolais d’ouvrir l’oeil et le bon!